Ayant décidé d’étendre leurs tentacules dans toute l’Afrique de l’Ouest, les banques nigérianes ont posé leurs valises sur les bords de la lagune ébriée depuis quelques années. Cette vaste conquête, qui d’une part est venue renforcer le dynamisme du marché financier local, a d’autre part créé certaines suspicions relatives à la fiabilité de ses banques anglophones.
Une puissance financière conquérante
Après les grandes reformes de recapitalisation du système bancaire nigérian, menées en 2005 sous l’impulsion la banque centrale du Nigeria, un vaste mouvement de fusion et d’acquisition a engendré l’éclosion de grosses banques nigérianes. Au nombre de celles-ci figurent ACCESS BANK NIGERIA qui occupait le troisième rang du classement 2008 des banques africaines, avec un total bilan évalué à 10,517 Milliards de dollars. L’autre banque que l’on pourrait également citer est
Sa consoeur
Avec des résultats financiers valant plus de dix fois ceux des leurs concurrentes ivoiriennes, ces banques nigérianes semblent semer la terreur par leur puissance financière très remarquable. C’est dans cette stupeur que toute la classe bancaire ivoirienne attend depuis peu, l’arrivée très imminente de deux autres mastodontes nigérianes, c'est-à-dire DIAMOND BANK et SKYE BANK, qui sont en train de régler les derniers détails de leur constitution, et sûrement des stratégies très percutantes de leur prochaine pénétration du marché.
Un mode de gestion inquiétant
En même temps qu’elles inquiètent leurs concurrentes, vu leur puissance financière, les banques nigérianes ont du mal à rassurer la population quant à la sécurisation des fonds à leur confier. L’on a encore en mémoire les nombreuses plaintes des clients d’ACCESS BANK CI avec l’instauration de son nouveau logiciel bancaire qui avait engendré dans le temps de nombreux bugs, causant ainsi des ponctions non voulues sur les avoirs de plusieurs clients de cette banque. Il est aussi à déplorer la prolifération à Abidjan de plusieurs ressortissants du Nigeria dans les cybercafés, orchestrant au vu et au su de tous, d’ingénieuses méthodes d’arnaques sur Internet. Le Nigeria a été pendant plusieurs années épinglé au niveau international sur ces pratiques cybercriminelles. Du coup, la grande montée de ses filiales bancaires en territoire ivoirien, avec à la clé l’installation de nouveaux logiciels bancaires en provenance du Nigeria, est de nature à semer le doute dans l’esprit de la population ivoirienne non bancarisée. Des murmures au sein de la population leur attribuent le terme péjoratif de « banques volantes », en référence aux pratiques d’ouverture et de fermeture subites d’agences bancaires au Nigeria avant la grande reforme de 2005 ayant généré l’assainissement du système financier nigérian.
Aussi, certains derniers évènements ont encore troublé la quiétude des potentiels clients des filiales nigérianes. Il s’agit de la grosse colère piquée par Mallal Sanuci Lamido, le tout nouveau gouverneur de la banque centrale du Nigeria, face aux montants exorbitants de créances irrécouvrables, cumulés par cinq importantes banques que sont : Afrikbank Plc, Intercontinental Bank Plc, Union Bank of Nigeria, Oceanic Intercontinental Bank Plc et Findbank Plc. Ces créances irrécouvrables représentaient plus de 40% du portefeuille global des banques du Nigeria. Cette dernière situation emmène plus d’un à s’interroger sur la politique de gestion des risques crédits mise en place par celles opérant déjà en Côte d’Ivoire.
La nécessité de rassurer
Avec tout cet environnement de crise financière internationale, les éventuelles hésitations relatives à la fiabilité des banques nigérianes opérant en Côte d’Ivoire, malgré leur puissance financière, devront être levées le plus rapidement possible par leurs dirigeants actuels. C’est le lieu pour eux de renforcer la communication financière à leur niveau et de se rapprocher d’avantages de la population par des actions visibles de lutte contre la pauvreté et de financement massif des projets des jeunes entrepreneurs de ce pays. L’autre piste à explorer pourrait être le démarrage de procédures de certification de ces filiales, auprès d’agences assermentées dans ce domaine. La population ivoirienne devra également faire confiance au professionnalisme avec lequel travaille la commission bancaire de l’UEMOA pour éviter que la sous-region ouest africaine se retrouve dans une éventuelle crise bancaire systémique. Le marché bancaire ivoirien continue d’afficher son image de rude champ de bataille des financiers, espérons que les autoritaires de régulations monétaires demeurent très vigilantes.
LOH DAMAS
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