IMPORT-EXPORT: Comment couvrir vos risques de changes avec les produits derivés?


Les opérateurs économiques du domaine de l’import-export réalisent souvent de très grosses pertes dues aux fluctuations des monnaies au plan international. Pourtant, des instruments efficaces de couverture de ces risques de change sont mis à leur disposition par certaines banques en Côte d’Ivoire. Découvrons donc ces nouveaux produits financiers appelés « produits dérivés » que nos banquiers offrent, et qui sont totalement ignorés par les acteurs locaux exerçant dans le commerce international.

La nécessité de se couvrir du risque de change
Beaucoup d’entreprises installées en Côte d’Ivoire se retrouvent confrontées au risque de change, car elles effectuent des opérations d’exportation et d’importation facturées dans des devises différentes de celles utilisées pour l’établissement de leurs bilans et de leurs comptes de résultat. Une entreprise exportatrice de café-cacao peut se retrouver confrontée à un acheteur voulant à tout prix régler la transaction non pas en FCFA, mais plutôt en Dollar USD. Etant donné que les taux de change ne sont pas stables, à l’exemple de la parité Euro/Dollar, ces fluctuations peuvent être à l’origine de gains ou de pertes très importants et l’entreprise se trouve ainsi face au problème de la gestion du risque de change.
Pour un exportateur basé dans la zone UEMOA, donc opérant avec le FCFA comme monnaie locale, si ce dernier détient des créances en devise, il existe un risque de change lorsque le cours de la devise baisse entre la signature et le paiement de la créance. S’agissant d’un importateur se retrouvant dans les mêmes conditions et possédant quant à lui des dettes libellées en devise, il existe un risque de change lorsque le cours de la devise s’élève entre la signature et le paiement de la dette.
Il convient de faire remarquer également que la variation du taux de change n’est pas toujours défavorable à l’exportateur et à l’importateur. Car le coût de la devise dans laquelle est libellée la créance peut s’accroître et le cours de la devise dans laquelle est libellée la dette peut baisser. C’est alors que dans de telles conditions, la variation du taux de change entraînera un profit pour l’entreprise.
Face au risque de change, l’entreprise peut adopter deux attitudes. Soit, elle s’en protège en le gérant, soit elle reporte l’ensemble des conséquences financières de ce risque à l’époque où il se concrétisera. Si cette entreprise arrive à circonscrire ce risque, un coût relativement modeste est supporté chaque année par l’entreprise. Dans le cas contraire, l’entreprise ne subira pas de coût de gestion, mais se retrouve toujours exposée au fait qu’il se produise tôt ou tard, de grosses pertes susceptibles d’induire de graves difficultés financières.
Dans ce contexte d’une économie internationale fortement caractérisée par les fluctuations de grande ampleur des cours des devises, la gestion du risque de change s’avère très nécessaire. Cette gestion a pour objet de minimiser, au moindre coût possible, les pertes susceptibles d’affecter, du fait des variations des parités ou des cours de change, le patrimoine ou les revenus de l’entreprise libellés en monnaies étrangères.
Pour aider les opérateurs économiques à faire face à cette exposition aux risques de change, certains banquiers mettent à leur disposition, une catégorie de produits financiers appelés « les produits dérivés ». Les plus développés pour l’instant dans la zone UEMOA sont : les contrats à terme et les options

Les contrats à terme

Le contrat à terme, encore appelé « Forward », est un engagement formel pris entre deux opérateurs économiques et portant sur la livraison d’un bien à une date future et pour un prix fixé à l’avance, payé à la date de la livraison. Les principales caractéristiques de ce type de contrat sont que les deux parties acceptent d’échanger un bien à l’avenir à un prix qui est fixé dès maintenant. Le cours à terme correspond au prix de livraison, qui est fixé comme le cours pour lequel la valeur de marché actuelle du contrat est nulle. Dans cette opération, aucun versement d’argent n’est fait entre les deux parties avant la date de livraison. Le montant du contrat correspond à la quantité de biens commandés multipliée par le cours à terme.
L’intervenant qui va acheter le bien concerné est dit en position longue et celui qui va vendre le bien est dit en position courte. Si le cours comptant à la date de livraison est supérieur au cours à terme, l’intervenant qui est long sur le contrat va gagner de l’argent. Mais si le cours comptant à la date de livraison est inférieur au cours à terme, c’est l’opérateur qui est court qui gagnera de l’argent.
Les contrats à terme peuvent porter sur des devises, des matières ou même des taux d’intérêts. Prenons le cas des devises avec l’exemple d’un importateur basé en Côte d’Ivoire, et devant régler dans trois mois, une facture d’achat de 100 000 dollar à son fournisseur basé aux USA. Pour éviter d’avoir à subir une éventuelle hausse du cours du Dollar, notre investisseur pourra, aujourd’hui, acheter à terme (c'est-à-dire à trois mois en l’occurrence), les 100 000 Dollar à sa banque partenaire à un cours déterminé.
Cette opération lui procure un double avantage. D’abord, le coût d’achat de la marchandise pourra être calculé de façon plus certaine ensuite, cet opérateur économique sera ainsi à l’abri de toute hausse du Dollar. Le petit inconvénient dans cette opération est que si le cours du Dollar diminue dans trois mois, il ne pourra point bénéficier de cette baisse. D’où le professionnalisme dont il doit faire preuve dans l’anticipation du cours futur de la devise.

Les options

Une option est un actif financier qui confère à son détenteur un droit : celui d’acheter ou de vendre le support de l’option à un prix fixé d’avance et désigné comme étant le prix d’exercice. A l’image des contrats à terme, les options peuvent également portés sur des supports tels que : les devises, les matières premières et les taux d’intérêts d’emprunts. Ce droit dont jouit le détenteur de l’option ne peut être exercé que durant la vie de l’option, c'est-à-dire à l’échéance dans le cas d’une option « européenne » ou jusqu’à l’échéance dans le cas d’une option « américaine ».
Lorsque l’option accorde à celui qui la détient une possibilité d’achat, il s’agit d’une option d’achat, appelée aussi call. Si l’option accorde à celui qui la détient une possibilité de vente, elle est dénommée option de vente ou encore put dans la terminologie anglo-saxonne. Le prix d’exercice de l’option est le cours auquel l’acheteur de l’option aura le droit d’acheter (call) ou de vendre (put) l’actif sous-jacent. La date d’échéance de l’option est la date au-delà de laquelle l’option n’a plus de valeur, ne peut plus être exercée, ni revendue.
Celle-ci est fixée de gré avec l’acheteur. Pour le doit accordé par l’option, l’acheteur paie une certaine somme immédiatement acquise par l’émetteur, que l’option soit exercée ou non. Cette dépense est appelée la prime. Les quatre grandes caractéristiques d’une option sur devise sont donc, la nature de l’option (call ou put), le prix d’exercice, la date d’exercice et la prime. L’acheteur d’une option d’achat peut exercer cette option, c'est-à-dire acheter les devises lui servant de support, mais il n’est jamais obligé de le faire.
Il peut choisir d’abandonner son option. Les options permettent aux investisseurs de spéculer sur l’évolution des taux de change et aux opérateurs détenant une position dans la devise servant de support à l’option de se protéger contre une évolution défavorable des cours de change, tout en tirant partiellement profit d’une évolution favorable qui aurait été mal anticipée.

L’implication des banquiers

Les produits dérivés sont des instruments très efficaces dans la couverture des risques de change, mais sont malheureusement ignorés par une grande partie des acteurs du commerce international. Pourtant bien développés sur les autres continents, les produits dérivés ont encore du mal à décoller dans l’espace UEMOA, précisément en Côte d’Ivoire.
Nos banques ne sont pas assez outillés pour les mettre en pratique, car ceux-ci requiert une connaissance très pointues de le finance de marché et aussi, la disponibilité d’une salle de marché équipée de plusieurs terminaux et abonnée à des agences internationales d’informations financières telles que Bloomberg, Reuters et EBS sont quasiment obligatoires. Néanmoins des banques d’origines anglo-saxonnes comme CITIGROUP et la Standard Chartered Bank, arrivent déjà à proposer les produits dérivés à plusieurs de leurs clientèles.
Les opérateurs économiques reconnaissent la complexité de ces produits dérivés,raison pour laquelle ces banques qui les développent sur le territoire ivoirien n’hésitent pas mettre en place un véritable dispositif d’accompagnement de leur clientèle pour la pleine réussite de leurs différentes transactions.
Les entreprises ivoiriennes ne disposant pas toujours de trésoriers ou de gestionnaires de risques, nos banquiers se transforment ainsi en de véritables partenaires dans la mise en place de ces produits dérivés. Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, les produits dérivés énumérés plus haut sont déjà en application en Côte d’Ivoire. Ils obéissent donc parfaitement à la réglementation de la BCEAO qui a la charge de la régulation du marché monétaire dans l’espace UEMOA.

LOH DAMAS
Cel: +225 02 73 40 37
E-mail: lohdamas@yahoo.fr

Commentaires

  1. Je viens de visiter votre site et je l'ai trouvé très utile dans lequel vous avez décrit sur les risques d'import-export. Merci pour le partage de ces informations utiles avec nous.

    Transport En Chine | Import Export

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