Savoir investir dans les Obligations


Alors que les investisseurs institutionnels ne tarissent pas d’éloges pour le marché obligataire ivoirien, vu la qualité de signature de l’Etat de Côte d’Ivoire qui continue d’honorer ses engagements malgré cet environnement de crise, plusieurs particuliers ne voient pas encore l’opportunité qu’il y a d’investir l’ors de l’émission d’emprunts obligataires. Alors pour une meilleure compréhension de ces produits financiers, il parait utile d’en élucider leurs mécanismes et les avantages particuliers dont ils regorgent, afin de motiver la population à désormais s’y intéresser.

Aperçu du marché obligataire
L’obligation peut être définie comme une fraction d’emprunt émis par une personne morale. Ce genre d’emprunt peut être émis par un Etat, une collectivité locale, une société privée, etc. C’est donc un titre de créance qui donne à son acquéreur, non seulement le droit au remboursement du prêt octroyé, mais aussi le droit à encaisser à une époque déterminée, les intérêts promis. Il existe plusieurs catégories d’obligations dont les quatre plus courantes sont : les obligations classiques, les indexées, les convertibles en actions et les obligations à coupons zéro.
Les obligations classiques sont les obligations ordinaires caractérisées par un taux d’intérêt fixe connu d’avance. L’émetteur de cette forme d’obligation promet au souscripteur le paiement de l’intérêt à une date précise et aussi bien connue d’avance ; le remboursement de la somme empruntée se fait selon un mode d’amortissement adopté. Les obligations indexées évoluent en fonction d’un type de paramètre de référence choisi au préalable par l’émetteur. Celui-ci peut par exemple lier le montant de l’intérêt à percevoir à l’évolution de certains facteurs tels que le chiffre d’affaires de l’entreprise, le prix d’un bien, etc.
Les obligations convertibles en actions sont celles qui, à un moment donné de leur existence, offrent à leur détenteur la possibilité d’être transformées en actions de la société les ayant émises. La dernière catégorie, c'est-à-dire, les obligations à coupons zéro, n’admet pas d’intérêt, elles sont donc émises à un taux d’intérêt nul. Néanmoins le souscripteur pourra bénéficier d’une plus-value au moment du remboursement de son prêt. La valeur du titre étant supérieure au prix payé à la souscription, la plus-value du souscripteur résultera ainsi de la différence entre le prix de remboursement de l’obligation et celui de son émission.
Une entreprise, estimant qu’elle a une signature crédible et qui voudrait capter une bonne partie de l’épargne de la population pour accroître ses investissement, peut décider de lancer un emprunt obligataire. L’on a encore en mémoire l’emprunt obligataire lancé dernièrement par la SOTRA, et qui lui a permis de récolter un montant de 12 milliards de FCFA. L’Etat de Côte d’Ivoire, jouissant d’une très belle signature au niveau de l’espace UEMOA, a très souvent recours à cet outil pour faire face à ses obligations budgétaires.
Il a à cet effet mis en place depuis un bon moment, le Comité de Suivi des Titres d’Etat et Instruments de Financements (COSTEIF), destiné à mieux encadrer les interventions de l’Etat sur le marché des capitaux. Toutes ces mesures prisent par le gouvernement de Côte d’Ivoire permettent de garantir des succès permanents, lors de tous les emprunts obligataires émis depuis Abidjan.

L’intérêt des obligations pour les particuliers

Le constat qui est malheureusement observé lors des émissions d’emprunts obligataires, est que la population n’y participent pas assez, laissant ainsi la place aux investisseurs institutionnels (compagnies d’assurances, banques, établissements financiers, fonds de prévoyance, etc) et aux entreprises privées. La méconnaissance des avantages liés à la détention des obligations pourrait largement expliquer cet état de fait.
L’avantage principal pour le souscripteur dans le cadre d’une obligation classique (c’est la plus utilisée) est que le risque est quasi inexistant. Contrairement aux actions qui peuvent subir la volatilité négative des marchés financiers, les obligations ont l’énorme avantage d’annuler pratiquement un éventuel risque de dégradation du capital du souscripteur. Raison pour laquelle tout investisseur sur le marché obligataire devra au préalable s’assurer de la solvabilité de l’émetteur. S’il est su de tous qu’il est vraiment difficile pour un Etat de se déclarer en faillite, ce n’est pas forcement le cas pour les entreprises privées.
Une entreprise privée peut donc émettre un emprunt obligataire, et se retrouver en situation de cessation de paiement au moment d’honorer ses engagements vis-à-vis des souscripteurs. Dans le souci d’éviter une telle situation, le Conseil Régionale de l’Epargne Public et des Marchés Financiers (CREPMF) a mis toute une procédure très rigoureuse en place, dans l’analyse de tous les dossiers des structures voulant solliciter un appel public à l’épargne. Lorsque cette inquiétude d’insolvabilité de l’émetteur est levée, le souscripteur est sur et certains de retrouver son capital initial et de percevoir tranquillement ses intérêts selon le planning dressé par l’émetteur.
Il est important de souligner aussi que de la même manière que les actions sont cotées en bourse, les obligations également sont inscrites sur la liste des titres financiers accessibles à la BRVM. La bourse étant le marché secondaire, tout particulier n’ayant pas eu l’occasion de souscrire à un emprunt obligataire jusqu’au terme de l’appel public à l’épargne, peu se rattraper en bourse. De la même manière, celui ayant acquis des titres obligataires, et ne voulant plus en jouir, vu les besoins de liquidité devenus de plus en plus croissant à son niveau, peu très facilement vendre ses titres en bourse.
Cette confrontation de l’offre et de la demande sur le marché boursier au niveau des produits obligataires, est un espace idéal pour les investisseurs en bourse voulant diversifier la constitution de leur portefeuille en y introduisant des titres à revenus fixes. Il est a noter au niveau de la cotation des obligations que leurs cours sont très sensibles aux taux d’intérêt et d’inflation. Cette extrême sensibilité est liée au terme de l’emprunt : plus les échéances de remboursement sont éloignées et plus l’investisseurs connaît le risque d’une rémunération adéquate.
La politique économique d’un Etat peut influencer le cours des obligations : qu’il allège ou alourdisse l’imposition des intérêts et des plus-values, la rentabilité des titres variera autant. Il en est de même si l’Etat encourage l’épargne à long terme (frein de la consommation par restriction du crédit) ou si les mesures prises dans le secteur privé libèrent des capitaux, qui deviennent disponibles pour le marché financier.
L’entreprise est aussi une source d’éléments influençant le cours des obligations. Tout élément qui pourrait mettre en cause, à plus ou moins long terme, la poursuite des activités de l’entreprise, voire même ses capacités de remboursement, influencera négativement le cours du titre. Les obligations étant en concurrence avec les actions, un accroissement important des dividendes ou des cours des actions fera baisser les obligations.
Aussi, l’on remarquera que les emprunts obligataires émis dans l’espace UEMOA présente des taux d’intérêts un peu plus attractifs que ceux proposés par les banques par le biais de leurs placements classiques. Pendant que celles-ci ont pour habitudes de servir un taux de rémunération oscillant entre 3 et 4%, les Etats et entreprises émettrices d’emprunts obligataires proposent généralement des taux allant de 6 à 7.5 %.
La valeur nominale des obligations tournant généralement autour de 10 000 FCFA, ceux-ci se présentent donc comme étant à la portée de tous, même des particuliers. Pendant que certaines actions cotées en bourse coûtent souvent la centaine de milles, pour ne prendre que l’exemple du titre SONATEL. Le marché obligataire est donc à exploiter de plus en par les particuliers qui voudraient sécuriser leurs placements financiers.

LOH DAMAS
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