L’OR atteint des records, les Ivoiriens s’endorment dans la politique !

S’il ya une matière première qui étonne toute la sphère financière par une envolée constante depuis un bon moment, c’est sans doute l’Or. A la date du 02 Mai 2011, le cours de l’once d’or a atteint le cap de 1576,48 Dollars USD, soit un nouveau record en cette année de cotation. Le métal jaune retient de plus en plus l’attention de tous les investisseurs du monde entier. De puissants hommes d’affaires comme Warren Buffet, Georges Soros et même Bill Gates, ont pris des positions d’investissement sur les matières premières et s’enrichissent dans le silence le plus total.
Alors qu’habituellement le marché observe de la réticence, lorsque plusieurs analystes financiers établissent un consensus autour d’un diagnostic, l’ascension fulgurante de l’or vient désormais démentir cet axiome des milieux financiers. La quasi-totalité des spécialistes de cette matière première sont unanimes sur le fait que cette montée extraordinaire du cours de l’or n’est pas prête de s’arrêter tout de suite. Ils ne se gênent pas en allant même jusqu’à sensibiliser d’avantage leurs auditoires, afin que ceux-ci renforcent leur position sur l’or. Après avoir cassé la résistance des 1500 Dollar USD, l’once d’or se dirige désormais vers les 1700 Dollars USD, probablement avant la fin de l’année 2011. D’autres prévisionnistes parlent avec assurance d’une cotation de 2000 Dollar l’once d’ici fin 2012.


Qu’est ce qui fait monter l’or réellement ?


L’une des premières questions qui saute tout de suite à l’esprit c’est de savoir qu’est ce qui pourrait bien alimenter cette folie subite des investisseurs vis-à-vis de l’or ? La raison est toute simple, la loi de l’offre et de la demande est encore vérifiable sur ce marché des matières premières. L’or à l’image de la plupart des matières premières est coté en Dollar USD. Cette monnaie américaine subit une forte dévalorisation actuellement par rapport aux autres devises. La politique de la planche à billet menée par la Banque centrale des USA, consistant en une injection massive de liquidité dans le système monétaire américain, continue de provoquer la chute du billet vert. L’inflation se fait de plus en plus sentir au niveau international. D’où la nécessité pour les investisseurs de se couvrir avec des actifs financiers tangibles pour y faire face et pour ne pas diminuer la valeur de leur revenus.
Tout cet environnement les motive à se tourner vers l’or, afin de pourvoir l’acquérir et le revendre au moment opportun. La demande mondiale formulée pour l’acquisition de l’or est donc sans cesse grandissante, et tout le monde veux préserver des lingots dans son coffre fort pour dompter l’éventuelle récession économique qui se dessine. Ce goût excessif pour l’or a fini par gagner l’ensemble des grands acteurs de la finance internationale.


Les Etats Unis viennent en tête avec 8133 tonnes d’or à leur actif. L’Allemagne posséderait 3412 tonnes. La France s’en tire avec 2487 tonnes, l’Italie entretien bien ses 2451 tonnes, la Chine parle officiellement de 1054 tonnes de réserves d’or, alors que plusieurs analystes en décomptent un peu plus. La Suisse affiche 1040 tonnes d’or, le Japon mentionne 765 tonnes, les Pays-Bas brandissent 612 tonnes et la Banque Centrale Européenne (BCE) évoque une quantité de réserve de 536 tonnes d’or.
Cette bulle va-t-elle exploser très bientôt ?
Une bulle est une surévaluation boursière d’un actif financier, qui ne manque pas de se dégonfler au moment où tous les investisseurs se rendent compte de la surestimation et décident massivement de passer des ordres de vente pour s’en débarrasser. Est-ce le cas pour l’or ? Il est difficile de répondre par l’affirmative, car de nombreux indices répertoriés dans l’actualité économique internationale nous encourage à recommander nos lecteurs à continuer d’investir dans l’or. Nous prendrons pour la circonstance seulement 3 pays importants, qui nous donnent de percevoir que la tendance haussière contenue dans l’évolution de cours de l’or n’est pas prête pour s’arrêter de si tôt.
Le premier pays qui nous sert d’indice est la Chine, les consommateurs chinois ont, ces deux dernières années, acheté plus d'or que n'en possède la Banque de Pékin. Pour l'empire du Milieu, la demande en or a augmenté, d'année en année, de 14% depuis 2005. L'inflation des prix à la consommation étant en Chine à son niveau le plus élevé depuis plus de 28 mois, l'érosion du pouvoir d'achat s'accentue pour les épargnants du pays. En Chine comme ailleurs, la faible rémunération de l'épargne doublée d'une recrudescence de l'inflation au sens large, oriente les investisseurs vers des actifs tangibles et préservant la valeur de leur patrimoine comme l'or.
Secundo, nous évoquerons le cas de l’Inde. En 10 ans, la demande de l'Inde en or a augmenté en moyenne de 13% par an alors que le PIB de la nation n'a augmenté que de 6% et l'inflation de 8%. L'or a une valeur psychologique très forte pour la population, il est un gage de prospérité et de sécurité et est fortement valorisé par tous les Indiens, quel que soit leur statut social. En 2009, la Banque centrale de l'Inde en a acheté 200 tonnes au FMI, ce qui a encore valorisé son image auprès de la population. Dans certaines zones du pays, l'or est même utilisé comme monnaie, et remplace la roupie. L'Inde et la Chine représentent 25% de la consommation d'or dans le monde. Leur consommation conjointe constituera le plus grand facteur de la demande d'or pendant les prochaines décennies.
Et nous terminons par l’Arabie Saoudite, plaque tournante de l'or au Moyen-Orient. L'Arabie Saoudite se présente comme l’un des plus gros consommateurs d'or au monde. Bientôt, ce pays va ouvrir la plus grande usine de traitement de l'or à Jeddah, normalement dans la seconde partie de cette année 2011. L'Arabie saoudite est le pays arabe détenant le plus d'or, et est le 16e pays détenteur d'or mondial si on les classe par réserves. Les réserves d'or du pays ont fortement crû en 2010 à 323 tonnes, contre 114,3 tonnes en 2009.
Nous nous arrêterons seulement à ces 3 facteurs très déterminants pour vous attester que nous ne sommes pas du tout en situation de bulle spéculative, mais plutôt dans un cas réel d’opportunité d’investissement. En 10 ans, les actions minières ont enregistré une performance deux fois plus élevée que celle de l'or, en progressant de +830% contre "seulement" 417%. La part historique des sociétés minières dans le marché boursier mondial s'est considérablement affaiblie ces 30 dernières années. Un phénomène de rattrapage pourrait se produire dans les années à venir.


Pendant ce temps, les Ivoiriens restent dans l’indifférence totale…


Alors que la fièvre de l’or fait ravage sous d’autres tropiques, la Côte d’Ivoire se laisse embourbée dans des débats politiques stériles à n’en point finir. Les records battus ces derniers temps par le cours mondial de l’or sont totalement passés inaperçus à Abidjan. On préfère s’acharner sur le vrai vainqueur ou le faux perdant des élections présidentielles, alors que de réelles opportunités d’investissement nous glissent sous le nez.
Nous gardons espoir que l’avènement d’un nouveau gouvernement juste après l’investiture ce mois ci, du président de la république, va redonner un souffle économique nouveau par la nécessité d’investir en Côte d’Ivoire. L’un des chantiers sur lequel il faudrait véritablement mettre l’accent est incontestablement le secteur minier.


La Côte d’Ivoire regorge d’énormes potentialités à ce niveau et il serait vraiment dommage qu’elles restent inexploitées jusqu’à cette date. Le moment est plus que jamais venu pour se rendre compte que les politiques monétaires internationales ont un impact véritable sur les produits d’exportation de nos pays africains.
Pour être plus précis dans notre analyse, nous dirons qu’il faille désormais que les opérateurs économiques ivoiriens s’intéressent d’avantage aux répercussions que les décisions monétaires des USA peuvent avoir sur leurs investissements. Il est important pour les opérateurs du secteur minier de savoir que lorsque le dollar américain commence à chuter, cela va forcement provoquer une flambée des cours de l’ensemble des matières premières et en particulier de l’or. Ces éléments sont connus de tous, mais les Ivoiriens continuent de donner l’impression qu’ils ne sont intéressés que par les questions politiques ou sportives.
De réels bouleversements géostratégiques ont lieu en permanence dans la sphère financière internationale, et c’est vraiment dommage que très peux d’Ivoiriens en profitent réellement. Mais fort heureusement, certains opérateurs exerçant en Côte d’Ivoire ne veulent pas rester en marge du train de la folie de l’or, pendant que tous les Ivoiriens se confortent dans leur doux sommeil de questions politiciennes.
La société Randgold Ressources a eu le flair de cette envolée de l’or, et exploitera en toute tranquillité pendant au moins 10 ans, la gigantesque mine de Tongon. Elle prévoit à cet effet un budget d’investissement de plus de 140 Milliards de FCFA. On n’oubliera pas aussi la Société des Mines d’Ity (SMI), entreprise détenue à plus de 40% par une filiale du groupe français AREVA. La mine d’or d’Ity, située à Zouan-Hounien, dans l’ouest montagneux ivoirien, reste toujours un vivier important pour la nation ivoirienne.
Nous n’aurons pas le temps de faire des estimations chiffrées de toutes ces faramineuses plus-values réalisées au jour le jour par ces entreprises citées plus haut, pendant que les Ivoiriens ne jugent pas opportun de s’intéresser à l’investissement dans l’or. Beaucoup d'autres pays suivent cette tendance de course contre la montre pour renforcer leurs réserves en or.


Selon les chiffres du World Gold Council publiés en mars 2011, le Kazakhstan est passé de 20 tonnes d'or en 1993 à 68,9 tonnes actuellement. L'Algérie, a atteint un pic à 173,6 tonnes, alors qu'elle n'en possédait que 14 en 1991. Quand est-il de la Côte d’Ivoire ? Apparemment cette question ne semble pas pour l’instant à l’ordre du jour. Les rares investisseurs qui ont su discerner ce mouvement haussier de l’or se réjouissent plutôt en interpellant quotidiennement leurs employés, avec cette injonction qui en dit long: « silence messieurs…on travaille sur l’or ! ».



LOH DAMAS


"La Tribune de l'Economie N°50"

Cel: +225 02 73 40 37

Commentaires